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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 13:06
Comme vous le savez déjà, (cf compte-rendu de CA du 04/06), le contrat de fruits a subi de lourdes pertes pour cause de gel.
Voici quelques explications fournies par Jean-Luc, informations plus précises sur le gel de printemps, et notre contrat en particulier.

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LE GEL DE PRINTEMPS SUR LES ARBRES FRUITIERS

Chaque année en mars-avril, c'est quelque chose de très présent dans l'esprit des producteurs de fruits. En effet, c'est la période de la floraison puis de la pollinisation et de la fécondation, stades pendant lesquels les jeunes cellules végétales de la fleur sont très fragiles, surtout au moment de la chute des pétales. A ce stade-là, il suffit d'une température de -1° pendant 2 ou 3 heures jusqu'au lever du jour pour compromettre la récolte future de l'année. Si les températures sont plus basses, il peut y avoir des dégats à des stades moins avancés ( -2 pendant la fleur, -4/-5 au stade bouton…)



Il faut dire qu'il n'y a pas besoin que toutes les fleurs donnent un fruit pour que la récolte soit bonne. Un arbre porte souvent des milliers de fleurs alors qu'il lui  suffit de 100 à 200 fruits. On est d'ailleurs souvent obligés après la formation des jeunes fruits, d'en éliminer une bonne partie (éclaircissage) pour que leur calibre soit suffisant à la récolte, et surtout pour que l'arbre ait suffisamment d'énergie pour la formation des boutons floraux qui donneront les fruits de l'année suivante (c'est l'induction florale). Cet éclaircissage se fait chimiquement par traitement aux hormones pour les producteurs conventionnels. En culture biologique, ce travail se fait manuellement, et c'est cette activité-là qui génère la grosse partie du coût de production des fruits en bio.

Il y a 2 types de gelées au printemps :  la gelée " noire " et la gelée blanche. La 1ère, c'est le type de froid que l'on retrouve en hiver : journée froide avec vent du nord, puis descente des températures pendant la nuit. Les zones abritées se retrouvent plus protégées. Dans le cas des gelées blanches, les journées sont souvent très belles, avec des t° de 10 à 15° et un léger vent du Nord. Pendant la nuit, la t° descend progressivement au fur et à mesure que le vent se calme. Le ciel est découvert, ce qui entraîne le refroidissement du sol par rayonnement. Le froid s'accumule dans les creux, les vallées, et plus la zone est abritée, plus il y a de risque.
Pour ce type de gelée, il est possible d'avoir une action : brassage de l'air avec une tour à vent, les couches d'air étant plus chaudes à quelques mètres du sol, chauffage avec des pains calorifiques de sciure ou paraffine. Dans ce cas, on agit par la chaleur, mais aussi par inversion de couches d'air.
Un autre procédé est beaucoup utilisé : l'aspersion anti-gel. Le verger est arrosé pendant la gelée, de manière à ce qu'un manchon de glace humide se forme autour des arbres, rameaux et fleurs. La glace en se formant libère des calories qui permettent de maintenir le végétal à une température légèrement en-dessous de 0°, même s'il fait -5 ou plus. Plus il fait froid, plus il y a de la glace, et le spectacle est féérique au lever du soleil quand ses rayons traversent ces stalactites de glace qui couvrent le verger. Il y a des risques avec ce système car " on joue un peu avec le feu "

Sur notre exploitation, nous avons utilisé l'aspersion lorsque nous avions beaucoup de poiriers le long du ruisseau, mais nous n'osons pas l'utiliser sur le pêcher plus fragile. Par contre, nous disposons de pains calorifiques, mais ils n'ont pas été utilisés cette année (effet de surprise). Il aurait d'ailleurs fallu en utiliser beaucoup compte-tenu de l'intensité du gel : 2 nuits à -4 et -5° les 24 mars et 7 avril.
Au bout du compte, la récolte de cerises est compromise à 95%, et celle des pêches à 90%.
Pour les poires, il reste entre 1/3 et une demi-récolte. Pour les pommes (floraison plus tardive), moins de dégats. La récolte sera moins bonne que l'année dernière, mais c'est surtout dû à l'alternance sur certaines variétés comme la golden et la royal gala, suite à une bonne récolte en 2008.

Nous ne pourrons donc pas approvisionner l'AMAP en cerises et en pêches et nous reprendrons les livraisons à partir du 20 aout pour les 1ères pommes et poires. Les 3 paniers d'été manquants seront donc reportés cet automne.
Nous avons été très touchés par votre proposition de prendre en charge les paniers manquants, mais nous estimons que ce n'est pas au consommateur de prendre en charge ce problème. Par vos choix de consommation, vous permettez déjà à notre mode de production de se péréniser.

Nous vous retrouverons le 20 août en vous souhaitant à tous de passer un bon été.

Romain, Véronique et Jean-Luc JUTHIER
GAEC de la Ferme aux 1000 fruits

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